Le chemin avait été long depuis Kiri pour se rendre jusqu’à Kusagakure. Quelque chose de bien spéciale la poussait à se pointer ici, dans ce petit village reculé dont il fallait avouer que les forces militaires étaient moindres à comparer du village caché de la brume. Elle se trouvait aujourd’hui en cet endroit pour une raison qui lui était bien personnelle, une quête qu’elle s’était promis d’accomplir avant sa mort. Cette mission qu’elle s’était donnée l’obsédait au plus haut point et elle ne trouverait repos qu’une fois qu’elle l’aurait achevée. Quelques pistes l’avaient donc mené dans ce lieu et c’était avec une certaine ferveur qu’elle avait parcouru une partie du pays, mais sans grand succès, il fallait l’avouer. Ne se déclarant pas vaincue, elle avait toute fois décidé de prendre un peu de repos et c’était donc rendu à Kusa pour la nuit, histoire de reprendre ses recherches le lendemain lorsqu’elle aurait la tête reposée et les idées en place. Bien que ce ne soit non pas sans une frustration certaine de ne pas avoir trouvé ce pourquoi elle était venue, elle avait finalement pris logis dans un petit motel pas trop cher. Dans les faits, elle ignorait pour combien de temps elle en aurait réellement, même si elle ne pouvait se permettre de rester trop longtemps, elle ne voulait tout de même pas éveiller les soupçons du côté de son village, alors qu’elle ne faisait rien de bien illégale au fond. Enfin, de son point de vue, il faut le dire. La journée ne tirait pas encore à sa fin, mais le voyage l’avait épuisée, elle allait donc profiter des quelques heures restantes pour observer un peu et, qui sait, peut-être apprendre quelques trucs utiles. Errant un peu à travers le village, un suçon à la bouche, comme à son habitude, notre jeune femme se surpris à apprécier les rues tranquilles et l’atmosphère détendu qui régnait sur Kusa. Il fallait avouer que tout cela était bien différent de ce qu’elle connaissait d’habitude et avec le retour de l’ère sanglante à Kiri, c’était une véritable épreuve de survie vivre là-bas. Seuls les plus forts pouvaient espérer encore marcher demain, on n’était jamais à l’abri de quelqu’un qui tentait de vous tuer par derrière, c’est pourquoi il fallait toujours s’arranger pour frapper d’abord, sans quoi, c’était terminé. La jeune femme ne savait que trop quoi penser de tout cela… Bien que cette époque fût différente de la dernière qu’elle avait traversée, elle ne pouvait pas prétendre être entièrement d’accord avec cette nouvelle instauration, néanmoins, elle se gardait bien de le dévoiler, du moins, pour le moment. En temps et lieu, elle verrait si elle le supporterait ou non. Une chose était cependant sûre, et elle se l’était fait promettre depuis le retour de cette ère, c’est que rien ni personne n’allait changer ce qu’elle était, que ce soit sa façon de vivre, de faire les choses ou ses croyances et encore moins ses buts. Des projets, elle en avait, et beaucoup… Chacun se réaliserait le temps venu, elle était patiente sur ce point et c’était bien le seul. Tout ça faisait parti de ses petits secrets qu’elle se gardait bien de révéler à quiconque, à moins que cette personne puisse lui être utile d’une quelconque manière dans la réalisation de l’un d’eux, ce qui n’avait pas été le cas jusqu’à présent. De toute façon, ce n’était pas comme si l’aide d’une âme extérieure lui était d’une absolue nécessité. Ame s’était toujours débrouillée seule depuis la mort de son jumeau et elle était confiante qu’elle pourrait mener à bien ses projets sans l’aide de qui que ce soit.
S’extirpant de ses rêveries pour revenir un peu plus dans le monde réel, la jeune femme se décida finalement à prendre une pause de son vagabondage dans les ruelles pour étudier un peu. Quelques connaissances de plus n’étaient jamais de refus avec elle. Elle prit donc place dans l’herbe, s’installant confortablement à l’ombre d’un arbre et elle sortit de son sac un livre qui avait jadis appartenu aux membres de son clan. Il y en avait des dizaines comme ça qu’elle avait déjà commencé à lire et chaque fois qu’elle tournait une page, elle découvrait quelque chose de nouveau, ce qui la poussait très vite à vouloir terminer sa lecture pour en commencer une nouvelle. Replaçant ses lunettes dans un geste machinal, elle commença à parcourir les lignes d’un regard emplis de curiosité et de soif de savoir. Lorsqu’elle étudiait la médecine, Ame entrait dans son monde et tout ce qu’il y avait autour d’elle n’existait plus, un peu comme si le monde arrêtait de tourner. Elle entrait dans sa bulle pour n’y ressortir que plusieurs heures plus tard sans s’être rendu compte du temps qui s’était écoulé. Pour elle, cette pratique était sa passion, sans elle, elle ne pouvait vivre, c’était toute sa vie. Alors rien ne lui faisait plus plaisir que d’étudier son art pour le perfectionner et ainsi devenir l’une des plus grandes ninjas médicales de son temps. Elle trouverait le moyen d’atteindre des sommets que jamais personne n’avait franchis jusqu’à présent. Ses ambitions étaient immenses face à ce domaine, c’est ce qui faisait sa force et personne ne serait en mesure de lui barrer la route. Quiconque se mettant en travers de son chemin le paierait de sa vie, elle se l’était jurée. Pour elle, tous les moyens étaient bons pour parvenir à ses fins, l’important était le résultat et non la façon de l’obtenir. Absorbée par la lecture, Ame ne prenait pas tant conscience de ce qui se passait autour d’elle et, dans les faits, elle s’en fichait un peu, tant que personne ne venait la déranger. Tous ceux qui la côtoyaient savaient qu’il valait mieux ne pas l’importuner lorsqu’elle travaillait, car elle avait une humeur plutôt massacrante envers ceux qui avaient le malheur d’interrompre son étude. C’était un judicieux conseil que plusieurs s’efforçaient de mettre en pratique et bien souvent, ils l’avaient appris à leur dépend. La jeune femme pouvait vraiment avoir un sale caractère lorsqu’elle le voulait, après tout, elle faisait rarement en sorte que les gens l’aiment ou l’apprécient, donc elle ne se retenait jamais de leur mettre sur la gueule des choses que d’autres n’auraient jamais osé dire. Elle n’avait pas la langue dans sa poche, pour sûr, et sa franchise était vraiment irréprochable… mais souvent très mal utilisée. Et ce n’était pas son plus grand défaut…

Le calme, le silence, tout pour faire de ces quelques heures d’études un moment merveilleux et enrichissant. De plus, l’air frais extérieur lui permettait de se rafraîchir un peu les idées avant la tombée de la nuit. Elle pourrait ainsi dormir paisiblement lorsqu’elle reviendrait à sa chambre, car elle aurait l’esprit tranquille de ne pas s’être faite dérangée durant son travail. Parcourant les pages avec une attention minutieuse, chaque ligne s’imprégnait dans son esprit, comme si elle était un livre blanc dans lequel s’imprimaient les mots. Apprendre était chez elle une passion maladive qui accaparait une très grande majorité de son temps avec l’entraînement. Il était impossible que dans une journée, elle n’est pas ouvert ses notes au moins une fois pour étudier, elle en était tout simplement incapable. C’était une forme de drogue pratiquement, tellement elle en était accro et que c’en était obsessionnel. Lui demander de passer vingt-quatre heures sans mettre le nez dans un livre était tout simplement impensable, elle n’en survivrait pas. Le temps qui s’était écoulé depuis le début de sa lecture avait passé très rapidement et elle ne s’était pas rendu compte des heures passées. Néanmoins, cela avait eu pour mérite de remonter son humeur et l’avait consolé du fait de pas avoir pu obtenir ce qu’elle était venu chercher dans ce coin de pays. Le bouquin qu’elle tenait entre les mains était une véritable brique. Il était bien fourni et la reliure épaisse était conçue en fonction de pouvoir bien soutenir toutes les pages, malgré tout, elle ne semblait avoir aucune difficulté apparente à le manipuler dans différente position pour le lire. Toujours absorbée par sa lecture, ce fut à son plus grand désarroi qu’elle se fit brusquement extirpée de sa bulle par un garçon qui n’était pas bien plus vieux qu’elle. Celui-ci trébucha sur elle, sa tête atterrissant directement… dans ses seins ! Un silence lourd tomba entre les deux, brisé peu de temps après par un petit « désolé » timide de la part de l’inconnu. Ame afficha un air froid et atrocement colérique, ayant comme première réaction de lui écraser violemment la tête avec son livre en le frappant pour avoir osé la déranger durant son travail, et la seconde fut de lui envoyer son genou en plein ventre en le repoussant pour s’être foutu la tête à un endroit plus qu’inapproprié. D’un bond, elle se leva, brandissant son bouquin à bout de bras dans un geste menaçant. En quelques secondes à peine, cet homme était parvenu à rendre son attitude sereine en une humeur plus que massacrante et violente.
« Non mais ça va pas !? Vous n’êtes pas capable de regarder où vous mettez les pieds !? Sale pervers ! Je suis certaine que vous l’avez fait exprès ! Les hommes, c’est tous les mêmes, ça ne pense qu’à peloter les filles qu’ils croisent sur leur route en pensant qu’elles vont tout bonnement se laisser faire ! Et bien sachez que vous êtes tombé sur la bien mauvaise personne pour se genre de chose ! De plus, vous avez osé me déranger durant mon étude et il n’y a rien qui ne me rend d’une humeur plus massacrante qu’un écervelé dans votre genre qui vient perturber mon travail ! »
Elle agita encore une fois le livre sous son nez, menaçant de l’écraser une seconde fois sur la tête de l’impertinent s’il osait bouger ne serait-ce que le petit doigt. La jeune femme était visiblement folle de rage et elle ne semblait pas prête de se calmer. Il fallait avouer que pour une première impression c’était plutôt ratée. Ame l’aurait volontiers égorgé et gardé son corps pour des expériences ultérieures, mais ce n’était pas tant l’endroit pour entamer un combat, compte tenu du fait qu’elle était en plein milieu d’un village qui n’était pas le sien, raison pour laquelle elle se retenu de poser tout autre geste violent ou agressif, même si l’envie ne lui manquait pas et il était très facile de le distinguer par la façon qu’elle avait de le regarder avec ses yeux rouges de colère. Au bout d’un moment, l’Eisei-nin finit par abaisser son livre, sans pour autant se départir de sa garde. Elle le jaugeait de la tête aux pieds, un air un tantinet hautain sur le visage. La jolie rouquine avait vraiment un sale caractère, il fallait l’avouer. Plutôt farouche même, pas de celles qui étaient facile d’approche, c’était certain. Elle n’aimait pas en général que les gens tentent de l’aborder de quelques manières que ce soit et encore moins lorsque c’était accidentel… si vraiment ce l’était… Laissant tomber son livre au sol dans un bruit étouffé, elle posa ses mains sur ses hanches dans une attitude très distante. La tête bien droite, elle le fixait directement dans les yeux sans détourner le regard ne ce serait-ce qu’une seule seconde, démontrant une force de caractère bien présente. Étant particulièrement rancunière de nature, elle ne lui avait toujours pas pardonné la chute qu’il avait faite et même si ce ne fut qu’un incident bête, elle n’était pas prête de lui pardonner de si tôt. De toute manière, elle ne le connaissait en aucune façon, alors elle ne voyait pas pourquoi elle aurait une raison de lui accorder quoi que ce soit. Il allait découvrir bien vite qu’elle pouvait être d’un véritable enfer lorsqu’on avait le malheur de se frotter à elle !

Les deux coups que lui avait assénés la jeune femme lui avaient conféré un certain réconfort, il fallait l’avouer. Une satisfaction de vengeance sans doute, mais aussi de lui avoir bien remis les idées en place. On ne tombait pas dans le décolleter de la demoiselle sans en subir les conséquences, il y allait de soi. Bref, elle s’était relevée, totalement furax en lui balançant des insultes par-dessus la tête tout en le menaçant de son bouquin. Vu la tête qu’il faisait en apercevant le large livre de médecine qu’elle étudiait, il était facile de deviner que le coup précédent sur la tête n’avait en rien été agréable à recevoir. Malgré les préjugés flagrants dont elle avait fait preuve dans son discourt, Ame était restée parfaitement sûre d’elle-même. Dans les faits, elle savait exactement ce qu’elle faisait, son coup avait été calculé d’avance. Les dés avaient été lancés et la partie ne faisait que commencer. Son interlocuteur ne répondit pas sur le coup, comme s’il semblait avaler les paroles de l’Eisei-nin. Cependant, elle fut quelque peu déçue de la réplique qu’il lui sortit, s’attendant à quelque chose d’encore plus cinglant pour ce qu’elle lui avait débité. Bien qu’elle ne montra point sa déception, elle resta de marbre face aux insultes vaines du jeune homme. Il essayait de la faire réagir, mais c’était raté d’avance, le coup de la psychologie, c’était son domaine et il allait très vite s’en apercevoir. Elle avait très bien l’habitude d’utiliser les mots comme des armes, ce qui s’avérait à être souvent bien plus efficace que la meilleure des techniques qui soient. Le simple fait qu’il se fut énervé face à ses propos prouvait qu’elle venait de mettre le doigt sur son orgueil, un point particulièrement sensible chez n’importe quel être humain. C’était bien souvent avec cette faiblesse qu’elle aimait jouer, car l’orgueil était relié à tout, que ce soit l’estime de soi ou l’amour propre, dès le moment qu’elle parvenait à ouvrir une brèche, elle avait l’éventail de choix de comment briser la barrière psychologique de son adversaire. C’en devenait même un jeu, un jeu sadique auquel elle prenait vraiment plaisir. Ame avait toujours adoré faire réagir les gens de par son attitude hautaine et désinvolte, et celui-là ne faisait que se jeter dans la gueule du loup, c’en était presque pathétique. Affichant un demi-sourire qui se voulait plus qu’ironique en écoutant sa dernière phrase, elle le laissa faire quelques pas pour lui faire croire qu’elle le laisserait tranquille.

« Franchement, mes pseudo « clichés », comme tu dis, t’ont bien fait réagir pour quelqu’un qui ne s’y sent pas concerné… »

Les mots avaient fusé avec un ton atrocement cynique et provocateur. Pourtant, elle faisait preuve d’un calme plus que déroutant, comme si ce qu’il lui avait dit précédemment ne l’avait affecté en aucune façon. Elle avait fait quelques pas vers lui, davantage dans le but d’intimider que de faire un rapprochement quelconque. Ses yeux émeraude toujours fixés dans les siens, elle ne le lâchait pas d’une seconde, semblant tout juste cligner des paupières. Un léger rire sarcastique s’échappa alors de ses lèvres fines.

« Et sincèrement… Entre toi et moi… Si tu n’avais pas voulu attirer mon attention, tu ne serais pas passé aussi près de moi au point qu’en tombant, tu te sois retrouvé dans ma poitrine… Que ce soit accidentel ou non… »

Ame avait articulé ces mots avec tact, comme si elle savait exactement quoi dire, qu’elle avait lu en lui tel un livre ouvert. Cette façon qu’elle avait de le regarder, de le scruter attentivement, n’était en fait qu’une façade. C’était ainsi qu’elle analysait les gens, sans cesse, notant leurs moindres réactions, trouvant avec aisance les points sensibles pour le retourner contre eux. C’était de cette manière qu’elle jouait ses parties, s’amusant avec ses cartes, observant ses options au fil de ses choix et des réactions de son sujet. Car oui, ses connaissances médicales ne s’arrêtaient pas qu’à celles du corps, mais aussi à celles de l’esprit. Dans ce dernier cas, il était toujours plus facile et discret de se trouver des cobayes, puisque les preuves étaient beaucoup moins directes. Quoi qu’il en fut, elle avait lancé la balle dans son camp et elle avait bien hâte de la ravoir… simplement pour mieux la relancer la prochaine fois…

HRP : Je ne répondrai pas avant dimanche soir, bonne fin de semaine =)

Ame avait toujours beaucoup aimé les combats psychologiques, elle ne saurait trop dire pourquoi. C’était une façon bien à elle de tester ses capacités mentales et celles de ses adversaires et bien que son interlocuteur ne semblait pas d’humeur à embarquer dans ses petits jeux, elle comptait bien l’y obliger s’il le fallait. Elle aurait vraiment aimé qu’il se laissa prendre plus facilement, mais il fallait croire que celui-là était un peu plus coriace que prévu, car, si ces premières paroles l’avaient fait plus que réagir, il avait décidé de jouer la carte de l’ignorance cette fois, restant muet face aux derniers mots de la jeune femme. L’ambiance était devenue lourde de part les commentaires de l’Anbu, elle le faisait vraiment exprès et comme elle se moquait du regard des autres, ainsi que des commentaires qu’ils pouvaient lancés, elle savait que pour lui, s’était tout le contraire. Voilà entre autre pourquoi elle s’amusait à lui jeter du venin, il finirait bien par craquer un jour où l’autre, c’est ce qui arrivait toujours. Tout être possédait ses limites et elle comptait bien tester les siennes jusqu’à les dépasser. Lorsqu’il ressortirait de cette rencontre avec elle, il aurait appris ce qu’est la patience et le contrôle de soi, car s’il croyait les connaître jusqu’à aujourd’hui, il avait atrocement tort. La demoiselle avait sa manière bien à elle de changer les gens qu’elle rencontrait, parfois pour le bien, comme parfois pour le pire. Certes, ce n’était jamais dans son intention d’aider les autres, au contraire, elle leur apprenait des choses sans vraiment le vouloir, en fait. Dans sa quête de connaissance, il lui arrivait souvent de pousser à bout les gens sur son chemin, au point de leur donner une vision généralement bien différente de la vie.

Ce fut donc le sourire aux lèvres qu’elle suivit l’homme jusqu’au bar, prenant place à ses côtés tout en faisant mine de ne pas remarquer les désapprobations des gens autour. Elle souriait pour cause de son silence, car, qui ne dit mot consent. Donc, son mutisme ne faisait que lui prouver qu’elle avait eu raison de croire qu’il l’avait fait exprès de passer près d’elle, même s’il avait trop d’égo pour l’avouer. Elle s’adossa contre le comptoir alors que ce dernier lui offrait un verre pour se faire pardonner. Du moins, c’est ce qu’il voulait bien faire voir, car ça ne semblait pas du tout dans un autre but, enfin, pour le moment. Peut-être cherchait-il à la saouler pour lui échapper, si c’était le cas, il allait avoir une petite surprise. Cependant, elle ne pouvait refuser, car si elle buvait, il boirait aussi et, l’alcool est toujours un facteur de plus de son côté pour le faire parler et ainsi en découvrir un peu plus sur lui et ses points faibles. Ce fut donc avec un sourire sincère qu’elle lui répondit d’une voix un peu plus doucereuse :

« Très bien, j’accepte ton verre… Mais ne crois pas m’avoir dans ton lit en me saoulant ! »

Elle avait articulé sa dernière phrase d’un ton un peu provocateur, mais qui se voyait davantage moqueur, comme si elle ne croyait pas vraiment à ce qu’elle disait. Simplement dans le but de le rendre mal à l’aise et pour que les autres le regardent un peu de travers, car il fallait avouer qu’elle l’avait dit un peu fort. Son but n’était pas de nuire à la réputation du jeune homme, ni en aucun cas commencer une guerre entre deux pays, non. C’était un amusement pour elle, un simple jeu et une façon de lui faire comprendre qu’il ne fallait pas la prendre à la légère et qu’elle était très bien capable de détruire une personne sans utiliser aucune de ses techniques ninjas. La tension était encore bien palpable et Ame comptait bien encore en faire usage pour augmenter son malaise. Après tout, elle ne faisait que commencer à s’amuser. Prenant les devants sur la commande, la jeune femme demanda une bouteille de saké et deux petits verres, ce que le barman s’empressa de leur apporter, espérant sans doute que l’alcool les ferait taire et que la conversation un peu trop tumultueuse entre les deux cesserait. L’Anbu servit rapidement deux verres, puis, avec un sourire dont il fut impossible au garçon de déchiffrer, elle cala cul sec son premier shooter. Ce fut tout juste si elle afficha une grimace en buvant, comme si cet alcool fort ne lui faisait pas grand effet. Déposant le verre sur le comptoir, elle replaça ses lunettes dans un geste machinal, tel un tic, puis regarda son interlocuteur, attendant qu’il boive à son tour. Son regard le scrutait dans les moindres détails, analysant constamment, prenant conscience de son environnement et de ce qui pourrait lui être utile dans sa quête de destruction. Tout ce qu’elle pouvait utiliser contre lui, elle le prendrait sans hésitation et le public restait sans aucun doute sa meilleure arme, histoire de le mettre dans l’embarras un peu.

«Au fait… Je m’appelle Ame… et toi ? » dit-elle, lui tendant la main, un léger sourire énigmatique sur les lèvres et le regard brillant d’une lueur étrange derrière ses lunettes rectangulaires.

Connaître le nom de son interlocuteur était un pas de plus dans sa direction pour en apprendre davantage à son sujet et ainsi être mieux en mesure de frapper aux points sensibles. C’était une chose primordiale à savoir sur une personne, son nom. Ainsi, on pouvait avoir accès à plusieurs aspects de celle-ci, mais encore fallait-il le savoir. Peu de gens pourraient croire que l’on puisse aller bien loin avec un simple prénom et, pourtant, il décrit tout d’un individu, puisqu’il le représente et que dès le moment où l’on bafoue ce dit nom, la personne n’est plus. Avec un simple mot, il était facile de détruire une vie entière… Mais pour le moment, là n’était point son but. Elle désirait savoir son nom, en fait, pour mieux se familiariser avec lui, c’était une barrière de plus à franchir pour entrer dans son cercle. De cette manière, elle pouvait l’atteindre plus personnellement encore en l’appelant par le nom qu’il portait. Tout comme en le tutoyant, d’ailleurs, car l’approche était beaucoup plus d’égal à égal, il était d’autant plus très rare qu’elle vouvoyait quelqu’un, puisque cela indiquait une marque de respect, ce qu’elle ne vouait à personne en dehors de la Mizukage, davantage par principe qu’autre chose dans ce dernier cas. Il fallait réellement l’impressionner et être une personne plus d’extraordinaire pour qu’elle cesse un jour de vous harceler ou d’essayer de vous détruire psychologiquement. Peu pouvait prétendre avoir la chance de faire partie de cet entourage rare, mais, en fait, il n’y en avait pas pour le moment. N’étant pas du genre à s’attacher aux autres, elle gardait ses distances, car, inconsciemment, c’était sa façon à elle de se protéger. Elle ne voulait pas avoir à entretenir une relation et encore moins en souffrir de sa perte. N’y voyant aucun bénéfice, Ame préférait donc éviter les contacts un peu trop… personnels…

HRP : J'ai fait un poste plus long en espérant que ça va t'inspirer un peu plus.