Peu de repos, une activité constante et soutenue, des taches n’en finissant jamais de jours en jours, tout un ensemble de devoirs augmentant au fil du temps, surtout au vue des tensions actuels. Le principe ne tenait pas vraiment d’une difficulté croissante, au contraire tout semblait surement de la même routine qu’avant pour la plupart des soldats, cependant le travail se voyait juste de plus en plus condensé. Tout était une question d’expérience et d’habitude, ou même d’une adaptation rapide face à ce genre de crise contrôlé, la fatigue ne survenant pas d’un coup mais sur la durée. Il serait même judicieux de parler d’une lutte contre l’usure. Voilà ce que représentait donc la vie de soldat, en y ajoutant en plus discipline et efficacité, une image bien méritante comparé à la cruauté de leurs obligations sur le champ de bataille, comme le meurtre ou la souffrance. Le paradoxe du métier. Ces choses-là étaient encore plus importantes et vrai pour l’élite du village, composé des soldats de grades Junin, les membres des services secrets travaillants dans l’ombre, et les statues venant un rang au-dessus, comme la Corne d’ Or et d’argent ou bien encore le chef même du village, le Raikage. Dans le moment présent, personne n’échappait à la règle, la plus part des effectifs étant déjà associé à des missions hors du village, ou bien encore sur des rondes de surveillance afin d’assurer la sécurité dans le périmètre. Pourtant, les rues étaient d’un calme particulier, en l’absence de tout le tumulte matinale, que ce soit des commerçants, des pots cassés, ou encore les enfants jouant dans le parc. L’ambiance sonore se retrouvait remplacé par un silence paisible, parcourue discrètement d’un point à un autre par les sons habituels de la nature, un peu comme si les humains laissaient le relais aux divers animaux et insecte pour continuer à donner l’impression de la vie durant leurs sommeil. On pouvait aussi entendre, en tendant attentivement l’oreille, les crépitements du feu brulant les rondins de bois posé dans les cheminés des habitations, indiquant que certains veillaient encore, dans la chaleur de leurs chaumières. En effet, tout ce calme était bien dut à une seule et unique chose, l’heure tardive de la nuit. Takasugi profita de ce moment précis de la journée pour entamer une affaire importante qui lui fut confié plus tôt, sous la forme d’une missions de rang B, mais bien étranges comparé aux demandes habituels pour ce genre de chose. D’après les explications, il s’agirait d’un intrus dans le village, ou plus précisément une kunoichi d’un autre village avec comme objectif l’espionnage du Pays de la Foudre. Une situation des plus délicates et des plus irritantes qui attira particulièrement l’attention de la Corne d’Or, et le poussant à insister pour s’occuper de cette femme. Sa position paraissait méticuleusement choisit, en effet en plus des artifices des nombreuses voix du ninja, elle pouvait surtout utiliser de ses charmes afin de ranger à ses côtés les hommes les plus vulnérables, vue que les descriptions lui accordaient une grande beauté. Le ninja d’expérience devait faire attention, il ne fallait pas tomber dans le piège, mais évidemment, lui non plus n’allait pas y aller sans avoir un plan en tête. Avant de s’engager dans la chasse à l’espion, Shinsuke avait déjà contacté plusieurs responsables s’occupant de maisons de divertissements, ces endroits spécialement réservés aux adultes, ouvert seulement de nuit, dont les employé n’était autres que des femmes … Si il y avait une chance de la retrouver facilement en ville, c’était bien dans l’une de ces bâtisses. Ce soir-là, la Corne d’Or savait parfaitement où se rendre, l’un des dirigeants lui indiqua que récemment une nouvelle vint chez eux afin de trouver du travail. Le vieil homme n’y fit pas gaffe dès le début, en fait ce n’était pas rare de voir des femmes venir là ba, la seule chose pouvant paraitre étrange était la période décalé pour faire cette demande. Ainsi donc, le ninja d’expérience dut se prêter à une séance de préparation différente, plus recherchés dans les détails afin de se faire passer pour un soldat cherchant à prendre du repos. La tenue resta identique, pour éviter de montrer l’évènement comme une première. Histoire d’augmenter encore plus les chances de réussites, le responsable des lieux fut chargé de propager son arrivé dans le but de le présenter en tant que client particulier, profitant par la même occasion de sa réputation. Si jamais la Kunoichi se trouvait là pour récolter des informations, sa venue se présenterait comme une opportunité à ne pas rater. De plus, les « anciennes » devaient de leurs coté laisser le champ libre, tout en restant le plus naturel possible. Le moment attendu était enfin arrivé.

Devant l’arrière porte en bois d’une sorte de boutique, Takasugi se posa quelques secondes, puis cogna celle-ci à plusieurs reprise jusqu’à attendre une réponse. L’homme devant s’occuper de l’accueil vint ouvrir, tout en reconnaissant le ninja d’expérience. Il n’attendit pas une seconde et l’invita à entrer en lui indiquant le chemin. Ce n’était pas vraiment une première visite ici, les murs, le décor ainsi que les odeurs ne le surprenait pas grandement. Nonchalamment le soldat pénétra dans les lieux, pour s’enfoncer dans les escaliers menant au sous-sol, l’air assez sûr de lui. Lorsque la dernière marche fut entamée, des lumières jaillirent de l’embouchure en face, accompagné d’une musique de fond très agréable à l’oreille, joué par une spécialiste dans ce domaine. À peine entré, l’homme d’expérience se vit accueillir par une jeune femme plutôt mignonne, surement une serveuse. Le ninja se laissa guider, confirmant d’un signe de la tête, puis la suivit à travers les tables basses au ras du sol, jusqu’à atteindre un coin tranquille, séparé du reste et des plus confortables. Sans changer d’attitude, son corps vint s’installer sur les coussins moelleux disposés en rond autour du meuble en bois, puis posa quelques affaires tout en expirant l’air d’évacuer un stress. L’hôtesse indiqua qu’une personne allait venir s’occuper de lui pour la soirée, comme demandé avant de venir. Après son départ, Shinsuke se mit à son aise, en observant rapidement les premiers délices disposés sur la table puis ferma les yeux le long de quelques secondes. C’était juste pour s’imprégner du milieu. Mais sur le coup, quelqu’un s’approcha lentement, sur une marche habile et gracieuse, vêtu d’un long kimono rose aux motifs blanc, le visage légèrement maquillé. Quand le ninja ouvrit ses yeux, elle s’arrêta soudainement, pour le saluer respectueusement.

« Bienvenue, je serais votre divertissement pour ce soir … »

La voix fut un mélange d’assurance et se sensualité, associant d’ores et déjà une image attirante à ce beau visage. Son attitude l’éloignait complètement des débutantes au caractère enfantin, souvent trop envahissante ou trop timide à la discussion. Après ses quelques paroles, elle entra dans le coin séparé puis s’installa sur l’un des cousins proche de notre homme, pliant délicatement ses genoux pour prendre appuis sur ses jambes. Takasugi ne dit rien au départ pour voir comment elle allait s’y prendre afin de l’amuser, engager la discussion et rendre cette soirée intéressante.

« Saké ? »

« Oui »

La voix du client sembla désintéressée, comme réfléchissant à quelque chose d’autres derrière une expression assez neutre et détendu. L’hôtesse devait encore l’attirer, ça n’allait pas être si simple. Attrapant la petite jarre contenant le liquide interdit au jeune, les douces mains de la jeune femme l’inclinèrent pour faire couler le saké dans deux petites coupoles.

« Vous m’avez l’air bien préoccupé … La vie de ninja doit pas être facile … Je vais vous faire gouter à l’un de mes délices, pendant votre dégustation. »

Elle attrapa le shamisen posé contre le mur, puis se recula legerement pour commencer à en jouer.

« Hmmm, tu proposes plus d’atout que les autres … Voyons … »

Intéressé, Shinsuke saisit sa coupole de Saké pour y prendre une gorgée du bout des lèvres, puis plaqua son dos contre le mur, à l’écoute. La jeune demoiselle entama une mélodie très agréable, qui eut le don d’apaiser l’esprit du ninja d’expérience, sans pour autant baisser sa garde. Il la laissa faire, le regarde fixé sur ses mains, afin de la décrire plus précisément, du moins sur le plan physique. Quand elle eut finit, il s’avança vers la table puis débuta les appréciations.

« Ça me plait. La mélodie correspond parfaitement à votre beauté. C’est déjà un bon début. »

« Vous me flattez … Merci … Mais je suis ici pour vous. Parlons un peu de vous ! »

La discussion démarra ainsi, sur des présentations dans un premier temps, puis des questions plus personnels, que Takasugi gérait parfaitement évidement, pour ne pas en dévoiler trop ni se faire remarquer. C’était encore sur un bon ton, pour s’apprécier mutuellement, cela dura une bonne heure. Vint un moment où la jeune femme passa à l’étape supérieur, en se plaçant derrière l’homme d’expérience pour un massage sensuelle, tout en continuant. La Corne d’Or changea d’attitude, imitant l’homme légèrement saoule, faisant semblant de baisser sa garde. Elle s’amusa de nombreux actes, comme des mots susurrés langoureusement à ses oreilles, son souffle chaud caressant sa peau, et bien d’autres encore. Mais plus le temps avançait, plus il ressentait de la malice dans sa voix, comme si elle se libérait en voyant son client se détendre et baisser totalement sa garde. Il fallait la tester.

« Ahaha, c’est dommage que je ne puisse rester jusqu’au matin, nous devons aider à la troubadour du village, tu sais pour ce spectacle traditionnel de Kumo … »

Shinsuke lança cette informations tel quel, dans le court de la discussion, tout en riant comme sa partenaire du moment.

« Ah oui, vous ne le manquez pas vous non plus ! J’ai hâte de m’y rendre aussi ! »

Le ninja d’expérience senti la main de la jeune demoiselle glisser sur son dos pour descendre vers sa taille puis se retirer quelques secondes. Il comprit dès la réponse à sa question. Takasugi attrapa sa main pour bloquer son action, celle-ci cachait en son sein un poignard destiné à le tuer. Il se retourna aussi vite, se retrouvant face à face avec elle, prêt à dégainer le sabre.

« Il n’y a jamais eu de spectacle traditionnel ici. »

Le ninja exposa clairement son intention de la tuer à la moindre tentative, elle ne pouvait rien faire. Histoire d’éviter la panique générale, il lui ligota les mains puis l’accompagna vers la sortie comme un client repartant pour poursuivre la nuit ailleurs. Une fois dehors, malgré le manque de tolérance de la Corne d’Or envers les traitres ou espions, il se contenta de l’assommer avec la poignée de son Wakizashi, puis la prit sur son épaule.

« Sérieusement … »

La seconde suivant, ses pieds décolèrent du sol pour courir sur les toits. Le reste de l’affaire appartenait maintenant aux services de tortures …