Thor & Pandora

Deux semaines ! C'est le temps qu'il m'a fallu pour rejoindre le pays de la Terre. La raison de ce voyage ? Une tentative d'accéder à Kumo par le biais de ce village d'Iwa. Le pourquoi du comment ? Cela ne vous regarde pas. J'arpentais les hautes collines de ce pays pour arriver au lieu de ma destination, mais le chemin était encore assez ardu, sans doute ai-je pris la mauvaise route ? De toute façon le mal était déjà fait, je ne pouvais plus rebrousser le chemin. Devant moi, il y avait un magnifique panorama, une grande et imposante chaine de montagne qui me narguait du fait que j'avais eu de la difficulté à la dompter. J'ai beau être un colosse, la montagne est plus forte que moi, c'est une belle femme qui peut, vous tuez quand vous relâcherez votre attention. Je n'aurai pas dû écouter ce jeune enfant que j'avais croisé plutôt dans la journée me dire quelle direction prendre pour regagner Iwa, on peut dire qu'il s'est bien moqué de moi. Lors de mon ascension, j'étais parfois obligé de toucher ma hache qui se trouvait dans mon dos, car cette dernière me gênait de temps à autre. Des gouttes de sieurs commençaient à apparaître, il faisait chaud, le soleil était à son zénith et il n'y avait aucun nuage pour masquer ses puissants rayons de lumières purs. La fatigue commençait à me gagner, je sentais mes muscles se raidirent à chaque monter que je faisais. L'oxygène se faisait plus rare, mon souffle était court et j'avais plus de difficultés à reprendre ma respiration que quand j'étais en bas de cette chaine de montagne. Je regardais le sommet pour voir combien de mètres il me restait à franchir, à vue de nez, je devais avoir fait les trois quarts de cette montagne, peut-être encore une heure d'escalade et j'atteindrai le sommet.

Il faut savoir que le village caché d'Iwa se trouve derrière ce massif et ce n'est qu'en le franchissant que je pourrai enfin commencer ma quête vers mon passé. Rien qu'en y passant, je commençais à imaginer le moment où je me trouverai devant mon dossier dans les archives du village caché des nuages. Je n'y étais même pas encore que je commençais à frémir, comme si j'avais peur de découvrir une lourde vérité sur moi. Il fallait que je reprenne mes esprits et que je me consacre à la tâche que j'étais en train d'accomplir, chaque fois que je me hissais plus haut, je poussais un petit cri, comme ci ce dernier allait me donner le courage et la force de continuer cet effort qui me ronge et qui m'épuise. Mon corps me demandait d'y mettre un terme, mais malheureusement je ne pouvais pas écouter ce dernier, car il n'y avait aucun endroit pour stopper mon ascension, j'étais obligé de continuer sinon c'est la chute libre qui m'attendait. Même si mes muscles me faisaient souffrir, j'avais en moi une arme encore plus forte, la détermination, à chaque raidissement de l'un de mes bras, je pensais à mon but final, ce dernier me permettait de me surpasser et d'aller au-delà de mes limites. Mais après une heure de dure souffrance, j'arrivais devant la corniche, je me hissais de tout mon poids dans un ultime effort et j'arrivais en haut du sommet. Je voyais au loin le village d'Iwa, il devait se trouver à une demi-journée de marche ou plus. Je me tenais debout, criant de toutes mes forces comme si j'étais arrivé à soulever des montagnes.

"J'y suis arrivé !" le son de ma voix pouvait se faire entendre dans toute la chaine, grâce à l'écho l'homme qui se trouvait à plusieurs kilomètres de moi pouvant m'entendre crier de joie.

Mais la fatigue était encore plus présente, j'étais en sieur, mes cheveux avaient perdu de leur splendeur, mes vêtements eux étaient trempés. Je pris la hache qui se trouvait dans mon dos pour la jeter sur le sol, il fallait que je me déshabille. J'enlevais mon armure ainsi que le haut noir qui se trouvait en dessous de cette dernière. Je déposais le tout sur le sol rocheux de la montagne que je venais de vaincre à la force de mes bras. J'avais le torse en sieur, mes muscles étaient davantage soulignés, ma respiration était courte ce qui avait pour effet de donner une impression de vague sur mes abdominaux. Je poussais un lent soupir, je m'étirais pour éviter d'avoir des courbatures demain matin, car avec cette grimpette, il était obligatoire que je sente le contrecoup d'un tel effort. Je plaçais mes bras sur mes hanches pour pouvoir admirer la vue qui se tenait devant moi, la cicatrice qui se trouvait dans mon dos brillait de mille feux grâce aux rayons du soleil. Je voyais un peu plus bas un chemin qui devait apparemment mener au village.

"Je le prendrai après ma petite sieste, car je suis vanné et je ne peux plus faire un pas." Ma voix était plus fluette que d'habitude, en pouvait discerner de la fatigue dans mes paroles.

Je me laissais tomber comme une masse sur le sol, les bras en croix, je fermais les yeux pour pouvoir m'endormir. Il n'y avait aucun bruit et cela était fort agréable, ce lieu était idéal pour se retrouver et oublier le monde qui nous entoure, je m'assoupissais très rapidement et ce n'est quand cinq minutes que mon esprit était parti pour le monde merveilleux des rêves.

Belle journée, il paraît. Oui, il paraît. J'étais fatiguée, j'avais peu dormi cette nuit, me rattrapant tant que je l'avais pu sur la matinée. Ça m'apprendra à boire pour pallier à mes mornes soirées d'ennuis; et à rarement rentrer chez moi par la suite. Enfin, chez moi... Façon de parler. De toute façon, je ne m'étais pas réveillée dans le même lieu qu'à l'accoutumée aujourd'hui. Un mal de tête impossible, la bouche pâteuse, la sensation d'être une masse, et puis ce type à mes côtés, qui m'avait l'air beaucoup plus jeune que moi, c'était très révélateur de la soirée que j'avais du passer, dans la plus totale inconscience des répercutions que cela aurait. Il fallait vraiment que j'arrête de boire. Je m'étais réveillée tardivement, donc. Du moins, pas assez tard pour l'autre personne avec moi, qui dormait encore à poings fermés. Avec difficulté, je m'étais extirpée du lit, engourdie par le sommeil et l'alcool que j'avais pu consommer la vieille, prenant soin de ne pas réveiller le jeune homme; et m'était éclipsée sans laisser la moindre trace de ma personne. J'avais fait suffisamment de conneries pour m'arrêter ici. A peine sortie, je ne pus constater qu'une chose: A en croire la chaleur qui régnait sur les lieux, l'agitation des gens, les effluves de nourriture flottant au vent, il devait être aux alentours de midi. Je n'avais aucunement envie d'aller m'occuper de diverses missions pour le village aujourd'hui; j'étais dans un état un peu trop lamentable pour faire ça correctement. Cela pouvait attendre un peu, de toute façon. Je n'avais qu'une envie: respirer un peu d'air frais pour reprendre mes esprits et me retrouver dans un état normal. Tout en marchant un peu au sein des ruelles animées du village, je me perdais dans mes pensées, essayant de me souvenir de ce qui avait pu arriver la veille; mais de toute évidence, c'était peine perdue. Avec un soupir, je finis, résignée, par abandonner toute idée de retracer ma soirée. De toute façon, il valait sûrement mieux pour moi – et mon partenaire – de ne pas chercher à vouloir connaître ce genre de détails. L'alcool était vraiment un sale ennemi, parfois. J'étais en train de rêvasser quand soudainement, un gamin surexcité me bouscula et manqua de me faire tomber, sans faire attention, courant dans la direction opposée à la mienne. Avec un grognement, je lui avait ordonné de faire attention, et m'était presque amusée de le voir s'excuser avec une voix désolée, puis reprendre sa course. Les gamins étaient vraiment attachants, je n'arrivais jamais à leur en vouloir. Cependant, rester en ville n'était peut-être pas la solution si je voulais avoir un peu de calme et pouvoir me remettre de ma soirée. Aller me balader en altitude ne serait sans doute pas plus mal. Enthousiasmée de cette idée, je perdis rapidement toute apparence humaine, au profit de celle d'un oiseau de petite taille, au plumage frémissant d'une manière peu naturelle. Quel délice d'être capable de devenir ce que je souhaitais; ça compensait bien tout les défauts d'un tel talent. Avec un plaisir évident, je pris mon essor, et me défaisait de l'emprise de la gravité pour m'élever dans le ciel. Qu'il était bon d'être libre.

Je sentais le vent glisser contre mes plumes factices, me faisant frissonner, tandis que peu à peu, les questions sans intérêt qui me clouaient au sol se perdaient, balayées par le vent. Simplement libre. Je me laissais porter par la brise, sans faire vraiment attention à la direction dans laquelle je me dirigeais; Nord, Sud, quelle importance au fond? Je voulais juste respirer. Réchauffée par les rayons du soleil, je me laissais aller; encore un peu engourdie par les relents d'alcool qui demeuraient vicieusement dans mon corps. Je me fichais bien de savoir où j'allais, de toute manière, je savais exactement où se situait Iwa, et pouvait donc y revenir sans problème. Pour le moment, je voulais m'évader. Difficile de dire combien de temps j'ai passé à errer ainsi, portée par les vents – mauvaise notion du temps, il paraît – avant de me retrouver non loin d'un immense massif de montagnes entourant le village. Merde, j'étais partie bien loin, quand même. L'air vivifiant, bien qu'un peu trop rare à mon goût, me faisait beaucoup de bien, mais je ne pouvais pas rester indéfiniment à voler, surtout par le fait que je n'avais rien mangé récemment. Ce n'était pas bien prudent d'utiliser trop mes forces dans l'hypothèse où j'aurai du mal à trouver de quoi me nourrir, du fait de mon régime alimentaire un peu particulier. Au fur et à mesure que je m'approchais de la montagne, je finis par remarquer une présence. D'habitude, je ne m'intéressais jamais trop aux autres; seulement pour savoir qui ils étaient et d'où ils venaient afin d'éviter des problèmes inutiles au village. Mais cette personne me semblait différente; comme amputée d'une puissance considérable. C'était très bizarre. Curieuse, je pris la direction de la présence, guidée par mes capacités de Senseuse. Qui pouvait-bien être cette personne? Je n'avais jamais remarqué un chakra de ce genre à Iwa, c'était sans doute un intrus. Rapidement, je rejoins les lieux où il se trouvait, et, à en croire les bruits de respiration tonitruants qui résonnaient, je ne pus que constater deux choses: cette personne était un colosse, une énorme masse, qui rivaliserait sûrement bien avec mes apparences les plus gigantesques; et cette personne dormait. Quelle faiblesse. Quelle triste faiblesse. Me posant sur une grosse pierre, je repris forme humaine; simplement vêtue d'une robe noire ne laissant trop rien paraître de mon physique infect, ainsi que de mes hautes chaussures à brides habituelles. Je m'approchais du type, qui ronflait – j'avais l'impression qu'il faisait trembler la montagne, seigneur – et lui donnait soudainement un coup de pied dans le ventre pour le réveiller. Tout cela me rendait bien trop curieuse pour que je puisse rester impassible.

« Debout, fainéant! »

Je dormais comme une masse, j'étais littéralement plongé dans mon rêve où je m'incarnais. Je me trouvais dans un étrange de temple, où ? Je n'en avais aucune idée, car j'y suis arrivé comme par enchantement, c'est la magie des rêves. J'arpentais cet endroit, je ne savais pas où j'allais, mais mon instinct m'amena devant une grande porte d'argent qui mesurait au moins cinq mètres de hauts. Je regardais derrière moi, les lieux avaient changé, ils étaient sombres, aucune lumière ne pouvait traverser l'épaisse couche d'obscurité qui régnait dans ce lieu mystérieux. Je n'avais pas le choix, je devais ouvrir cette porte, mais à peine ai-je mis ma main dessus qu'elle s'ouvrit d'elle-même. Je n'avais même pas besoin de la pousser, soudain une grande pièce baigner d'une lumière apparut devant moi. Je pénétrais dans cette dernière, je regardais les alentours, il n'y avait aucune fenêtre, d'où pouvait bien venir cette source de jour ? La question ne se posait pas, car je me trouvais dans un monde imaginaire totalement inventé par mon subconscient. L'immense portail que je venais d'ouvrir, c'était refermé sur lui-même comme s'il était inutile de le laisser ouvert. Dans cette pièce il y avait une table et sur cette dernière se trouvait un étrange recueil poser dessus. Je m'avançais vers la table, je regardais l'ouvrage qui se trouvait devant moi, il y avait gravé en lettre d'or : Ici se trouve la vérité ! Ce titre était peu expressif, alors je ne pus m'empêcher de l'ouvrir, les pages étaient toutes vierges, il n'y avait rien de marquer dessus. Mais ce fut à la dernière page où j'ai vu une inscription, je lisais à voix haute ce qui était marquée dessus.

"Debout, fainéant !" Je ne comprenais pas le sens de ces paroles, mais le livre que je tenais dans mes mains se referma violemment sur lui-même et s'évapora.

Quant à moi, j'étais aspiré par une force venue d'ailleurs, les murs de la pièce, commençait à s'écrouler, tous mes sens étaient en éveil, je n'étais pas calme, mon regard se porta sur le sol qui disparut lui aussi à son tour, puis plus rien. Mes yeux s'ouvrirent, je voyais le ciel bleu d'Iwa ainsi que les rayons du soleil qui me baignait de leurs lumières naturelles. Mais lorsque je fus de retour dans le monde réel, je ne pus m'empêcher de me toucher les côtes comme si j'avais reçu un coup. Je me redressais et là un miracle c'est produit ! Une jeune femme se tenait devant moi, pour le moment je ne voyais que ces pieds. Quand j'en avais fini avec eux, mon regard azur commença à monter au niveau de ses genoux, je pouvais apercevoir le drapé d'une robe, je continuais mon balayage horizontal, pour arriver sur le buste de l'inconnu ou plutôt devrais-je dire le buste de la jeune femme, car je pouvais voir ces formes féminines. Elle portait bien une robe, pour le moment je ne m'étais pas encore attardé à son visage, je baissais la tête et je poussais un léger grognement comme ci je voulais me plaindre, mais de quoi pouvais-je bien me plaindre ? Vous en connaissez beaucoup qui se plaindront de se faire réveiller par une inconnue ? J'étais torse nu, je pouvais sentir l'air frais de la montagne caressée ma peau, soudain, je me décidais de me lever pour pouvoir regarder sans doute celle qui m'assigna un coup de pied dans le ventre. Je fus très étonné par la taille de la femme, elle était très grande, elle devait au moins faire dans les un mètre quatre-vingts si ce n'est un peu plus. Cela fait plaisir de voir quelqu'un d'assez grand surtout quand c'est une femme.

Maintenant je pouvais la regarder, mon regard se posait sur son visage, elle avait un doux visage et de très beaux cheveux, mais le plus surprenant n'était autre que ces cicatrices, j'en voyais plusieurs sur son corps. Comment se faisait-il qu'une personne qui a l'air si douce, soit autant meurtrie, au moins elle avait un point au commun avec moi du fait de mon énorme marque sur le dos et des nombreuses estafilades sur mon corps. Malheureusement, je ne pouvais pas dire comment ces dernières sont arrivées, car je n'en avais aucun souvenir. Je la regardais, je lui souriais légèrement, passant ma main gauche dans mes cheveux, comme si je voulais dégager ces derniers de mon visage pour qu'elle puisse le voir davantage.

"Dis-moi que fait une jolie jeune femme dans ton genre dans cet endroit." Lui dis-je avec un ton doux, même si ma voix était grave, je voulais me montrer gentil avec elle et je ne voulais pas lui faire peur et qu'elle croie que je suis un rustre de premières catégories.

Mais je ne pus m'empêcher de me demander comment avait-elle fait pour atteindre ce lieu, car il faut tout de même escalader cette montagne, serait-ce une alpiniste chevronnée ? Cela m'étonna, surtout en voyant sa tenue, un grand mystère planait devant ce jolie bout de femme.

"Je me suis montré un peu impoli, je me nomme Thor et toi ?" Je ne lui avais pas laissé assez de temps pour répondre à ma première question que j'enchaînais déjà sur une deuxième.

Je pense qu'il aurait été préférable que je commence par les présentations, mais que voulez-vous, la curiosité a pris le pas devant la politesse. Je restais là debout devant elle, mes habits traînaient un peu plus loin, je les regardais pensant bientôt les remettre, mais pour le moment, je préférais rester ainsi, après tout je le peux, je ne suis pas dans ma tenue d'Adam donc je suis présentable et puis je ne suis pas mal bâtit. Je zieutais du regard s'il n'y avait pas une roche pour s'asseoir, mais il n'y en avait pas, donc pour le moment j'allais devoir rester debout. La petite sieste que j'avais entrepris plutôt dans la journée me fut très bénéfique, j'avais l'impression d'avoir récupéré toutes mes forces, combien de temps ai-je pus dormir ? Aucune idée, je ne savais même pas l'heure qu'il était en ce moment même. Le fait de me trouver ci-haut en altitude, me donnait l'impression d'être seul, du moins je l'étais avant ce qui n'est plus le cas maintenant, mais cela ne me posait aucun problème, car j'avais avec moi de la charmante compagnie.

Peut-être que finalement, ce n'était pas une excellente idée que de réveiller le colosse qui dormait. Non, en effet, je me demandais si je n'aurai pas mieux fait de chercher tactilement s'il possédait où non un bandeau ninja possédant le symbole de son village, ce qui m'aurait grandement facilité la tâche et évité de potentielles questions gênantes ou une joute verbale pour au final ne pas avoir de réponse, comme cela m'était arrivé il y a quelques temps avec une personne dont j'ignorais tout, du fait qu'elle s'était enfermée dans un profond mutisme que même mes infâmes techniques n'avaient pas su briser. Peut-être que je n'aurais pas du le réveiller de cette manière peu diplomatique, qui était de toute évidence un signe avant-coureur que je n'étais pas venue à sa rencontre pour lui proposer de prendre le thé. Peut-être que je n'aurais pas du; mais de toute évidence, c'était un peu trop tard pour réfléchir maintenant que j'avais agi. De toute manière, je n'avais pas d'autre chose à faire pour le moment, j'étais dans un état un peu trop embrumé par l'alcool de la veille. Autant faire ça bien, me diriez-vous; mais tant que la tâche était accomplie, je pouvais emprunter le chemin que je souhaitais pour y parvenir. Y compris quand ce chemin consistait à réveiller une montagne endormie avec un coup de pied sec dans le ventre. Je réalisai que j'avais peut-être pris un peu trop mes aises quand à son statut lorsqu'il se releva, et se tint verticalement face à moi: rien qu'à me fixer à son souffle, il devait mesurer plus de deux mètres de haut, si ce n'était plus. Parfois, j'étais contente de ne pas pouvoir voir à quoi il ressemblait; je n'avais pas peur de grand chose, par contre, j'avais tendance à me laisser impressionner par ce qui rivalisait avec mes apparences les plus abominables en terme de proportions. D'ailleurs, je ne craignais rien du tout, hein. Rien. C'est sans doute pour ça que, alors qu'il fit un mouvement brusque vers son visage, pour remettre ses cheveux, j'eus un geste nerveux, et bougeai ma main droite comme pour me protéger d'un éventuel projectile qu'il aurait lancé à mon intention. Merde, Pandora, c'est pas le moment de jouer à la femme fragile; de toute évidence, ce type est un brigand qui s'est introduit sur le territoire de manière clandestine. C'est toi qui doit lui casser la gueule, tu sais très bien qu'il aura beau te lancer tout ce qu'il veut, ça ne te fera rien. Je respirai doucement, comme pour expulser la pression qui me tiraillait: c'était moi qui détenait l'avantage sur lui, et non pas l'inverse. Je relevai légèrement le visage, comme pour le dévisager bien que je fusse plongée dans la plus totale obscurité. Je n'avais pas peur pour moi, je m'inquiétais seulement pour la sécurité de mon village. Face à mon silence, le géant prit la parole.

« Dis-moi que fait une jolie jeune femme dans ton genre dans cet endroit. » Il marqua une légère pause, avant de reprendre. « Je me suis montré un peu impoli, je me nomme Thor et toi ? »

Ok. On va pas vraiment être amis si tu commences comme ça. Je pris un air dédaigneux, comme pour lui montrer mon désintérêt total pour ses premières paroles. Ce genre de mot, surtout après une nuit un peu trop agitée à mon goût, ce n'était pas la meilleure solution pour que je me montre agréable malgré ma tendance à la paranoïa quand il s'agissait d'Iwagakure. En revanche, je montrai plus d'intérêt lorsqu'il m'adressa son nom. Thor? C'était marrant. Mais surtout, ça ne suintait pas le mensonge; sa voix me paraissait tout à fait amputée de faux. Visiblement, il n'avait pas l'intention de me mentir alors. Ravie, alors. Mais il manquait encore quelques informations pour que je puisse me radoucir, et je n'avais pas l'intention de le laisser y échapper. Après tout, c'était surtout pour cela que j'étais venue à sa rencontre, inquiétée par son chakra un peu particulier que je n'avais jamais ressenti à présent au sein du pays. Je croisai les bras, fermement, me tenant droite face à lui, comme pour lui montrer que je n'étais pas de ces personnes qui se laissaient marcher sur les pieds par n'importe qui, même par une masse compacte de muscles - tant soit peu que mon interlocuteur soit réellement musclé – que j'avais réveillée un peu brutalement et qui me faisait déjà des avances. Après un instant de flottement, je finis par lui répondre d'une voix assurée.

« Ça n'a pas d'importance. Que fais-tu sur le territoire du pays de la Terre? Les étrangers ne sont pas les bienvenus ici. Si tu n'as pas une bonne raison d'être ici, je vais devoir te demander de rebrousser chemin et de repartir d'où tu viens, que tu le veuilles où non. »

Le vent balayait la cime de la montagne, faisant voleter le drapé vaporeux de ma longue robe noire dans un ballet rigoureusement similaire à celui de mes cheveux aux boucles rousses. Apparition infâme, où émissaire d'une puissance dont la réputation n'était plus à faire; dans tout les cas, j'espérais bien que ce type ne resterait pas de marbre devant moi et se montrerait un peu coopératif.

La jeune femme qui se trouvait devant moi ne laissait rien paraître aucune émotion, je n'arrivais pas à lire sur son visage, intéressant. Je suis en face d'une personne qui m'a l'air encore plus mystérieuse que moi, elle dégagea une aura suspecte. Elle croisa les bras, sans dire un mot. Elle se tenait droite comme un i, la jeune femme avait l'air dédaigneuse, mes paroles l'ont-elles déplu ? Mais avant qu'un mutisme s'installe entre nous, la rousse ouvrit la bouche pour me parler, mais aussi pour montrer son total désintérêt des mots que je venais de prononcer, il y a à peine deux minutes, du moins c'est ce que je ressentais.

"Ça n'a pas d'importance. Que fais-tu sur le territoire du pays de la Terre ? Les étrangers ne sont pas les bienvenus ici. Si tu n'as pas une bonne raison d'être ici, je vais devoir te demander de rebrousser chemin et de repartir d'où tu viens, que tu le veuilles où non."

Effectivement, j'avais raison, elle s'en fichait éperdument. Quand même, cette femme pourrait montrer un peu d'intérêt après tout, c'est elle qui m'a réveillé, moi je n'ai rien demandé, même si je ne vais pas plaindre. Je ne disais rien, j'étais devenu une statue de marbre, laissant couler ses paroles. Maintenant, l'inconnue voulait que je lui dise les raisons qui m'ont poussé à venir sur le territoire du pays de la Terre. Je poussais un léger soupir pour lui montrer mon désintérêt pour ses dires. Après la question, les menaces, - c'est qu'elle y va crescendo la petite ! - me faire traiter d'étranger, alors qu'elle ne m'a même pas encore donné son identité. Elle a du caractère, je n'aimerai pas être son copain, elle doit le faire marcher à la baguette et pas qu'un peu, cette vision me fit de nouveau sourire. Je la voyais bien en dominatrice, je croisais à mon tour mes bras, comme pour lui dire : c'est fini maintenant ! Si je n'avais pas de bonne raison de me trouver en ce moment même sur le territoire du pays de la Terre, je devais rebrousser chemin que je le veuille ou non. Punaise, c'est une fille qu'on ne doit pas souvent rabrouer. Elle se taisait, le vent eu pour effet de faire voleté sa robe noire ainsi que ses cheveux roux, je restais là sans rien dire, regardant le spectacle que se trouvait devant moi. Je voyais sur son visage qu'elle attendait une réponse et j'avais plutôt intérêt à me montrer convaincant, si je voulais rester ici, sinon je devrai descendre toute la montagne, chose que je n'ai pas envie de faire.

"Il est d'usage de se présenter avant de poser des questions, or tu ne l'as fait, donc j'ai le droit de ne pas te répondre, mais ta dernière phrase et le ton que tu as employé m'oblige à répondre à tes questions." Lui dis-je avec un léger ton arrogant.

Je regardais le ciel, mes bras étaient toujours croisés, mes cheveux blonds volaient aussi grâce à la brise de la montagne, lorsque je baisais la tête, je ne pus m’empêcher de regarder ma hache qui se trouvait à plus de huit mètres de moi. Peut-être qu’elle avait remarquer le comportement que je venais juste d’avoir, je n’arrivais pas à voir son regard, ce dernier était caché sous cette tignasse rousse et comme elle plus petite que moi, je les vois encore moins.

"Bon, je vais te répondre, si je suis venu sur le territoire du pays de la Terre, c'est pour des raisons personnelles et pacifiques. Ensuite pour la raison, cela ne regarde que moi et personne d'autre et si tu veux plus de renseignement, il faudra que tu me dises ton nom ! Pas de nom, pas d'informations ! C'est du donnant, donnant." Allait-elle apprécier mes dires ? Je n'en avais aucune idée, néanmoins temps que je n'aurai pas son nom, je ne répondrai pas à ses questions.

En refusant de me plier à son petit interrogatoire, il était possible que je m'attire les fougues de la femme à la robe noire ? J'espérai ne pas en être arrivé-là, j'ai pour principe de toujours me conduire en gentleman avec ces dames, mais cette dernière me paraissait plus récalcitrante que les autres demoiselles que j'ai pu rencontrer dans ma vie. Voyant que notre discussion pourrait prendre plus de temps qu'elle aura pu l'imaginer, je m'essayais sur le sol rocheux de la montagne, mes bras se trouvaient derrière mes hanches, mes paumes me permettaient d'avoir un appui solide dans la position où je me tenais. Ma jambe gauche était littéralement dépliée, quant à ma jambe droite ce fut l'inverse, cette dernière était repliée sur elle-même, je penchais légèrement ma tête vers la droite toujours en souriant et je lui dis avec un voix douce c'est quelques mots.

"Je ne suis pas venu pour faire du mal à ton village, si cela aurait été le cas, crois-tu que j'aurai laissé ma hache aussi loin de moi ? Je veux juste savoir ton prénom, après je te dirai le pourquoi du comment."Finalement, je préférais lui dire un peu la vérité, pour lui montrer que je n'étais pas un mauvais bougre ou un étranger malveillant comme elle devait le penser.

Je voulais vraiment connaître son identité, il y avait en moi une petite voix qui me disait de me montrer coopératif si je voulais savoir quelque chose d'elle, mais une autre petite voix me disait de me taire et de me terrer dans un profond mutisme. Qu'allait-elle choisir ? Le choix lui appartenait de toute façon, je refusais catégoriquement de redescendre cette montagne, j'ai eu trop de difficultés à la monter, donc ce n'était pas pour faire le chemin inverse. Malgré ses aires de femme forte, j'étais persuadé qu'il y avait en elle une femme fragile derrière ces boucles rousses. Souvent les femmes qui cherchent à ne rien laisser paraître, cache en elle une histoire que l'on pourrait qualifier de tragique, la carapace qu'elle se créait doit justement les protéger de cette tragédie. Je vais peut-être avoir du mal à lui faire dire deux ou trois petites choses, mais je vais essayer quand même après tout, j'ai moi aussi un secret lourd en moi, donc je pourrai la comprendre. Pourquoi je pense à cela, on n'y est pas encore, j'adore m'inventer des films, c'est peut-être l'un de mes défauts, aller je t'écoute ma belle, j'ai envie de savoir qui tu es. Je me répétais cette phrase plusieurs fois dans mon esprit en attendant qu'elle daigne me répondre.

C'était quand même une bien curieuse situation. Perchés au sommet d'une montagne; un colosse et un monstre qui s'échangeaient des « politesses ». Pourquoi pas, après tout, même si cet Hercule me semblait quand même drôlement étrange, du fait de son chakra si particulier. Cela ne ressemblait même pas à quelqu'un qui essaierait de masquer, sans y arriver, sa puissance: il semblait comme enfermé. C'était terriblement troublant, et me poussait à me montrer encore plus méfiante que je pouvais l'être d'habitude. Comme s'il voulait me tester, le type que j'avais réveillé un peu brutalement croisa les bras – je supposais, parfois les sons n'étaient pas toujours fiables – et se tint face à moi: on aurait pu se demander si on ne jouait pas à un jeu, à qui tiendrait le plus longtemps sans se manger une rouste. Fort heureusement pour moi, ce bonhomme n'avait pas l'air aussi muet que d'autres à qui j'avais pu avoir affaire il y a quelques temps, et à qui j'avais du expliquer, de manière plutôt directe, que je n'étais pas ce genre de personnes qui renonçait aux choses, et plus particulièrement quand je posais une question.

"Il est d'usage de se présenter avant de poser des questions, or tu ne l'as fait, donc j'ai le droit de ne pas te répondre, mais ta dernière phrase et le ton que tu as employé m'oblige à répondre à tes questions."

… Oui. Et donc? En fait, parler pour ne rien dire était aussi utile que d'être muet: les deux étaient tout aussi insolents, et n'aurait-il pas précisé qu'il était bien obligé de me répondre que je lui en aurai déjà mis deux. Je levais le visage vers le sien, toujours aussi impassible; j'attendais sa réponse, et je n'aurais pas eu d'hésitation à lui imposer de me répondre s'il tardait un peu trop, ce qui fort heureusement n'eut pas lieu.

"Bon, je vais te répondre, si je suis venu sur le territoire du pays de la Terre, c'est pour des raisons personnelles et pacifiques. Ensuite pour la raison, cela ne regarde que moi et personne d'autre et si tu veux plus de renseignement, il faudra que tu me dises ton nom ! Pas de nom, pas d'informations ! C'est du donnant, donnant."

Aussi arrogantes que pouvaient être ses paroles, je ne pu m'empêcher de me montrer un poil rassurée par celles ci: j'étais capable de deviner le mensonge dans les paroles des gens, même chez un excellent menteur; des aptitudes qui m'avaient étés conférées après de longues années à observer, à écouter, et à me spécialiser dans la traque d'ennemis. Lorsque l'on ne pouvait plus voir, reconnaître la vérité était un atout non négligeable, bien qu'elle ne puisse m'offrir la connaissance de tout les équivoques induits dans ce dialogue. Des raisons personnelles et pacifiques, hein? J'étais curieuse de sa réponse. Remettant mes longues boucles rousses en place, je m'apprêtais à prendre la parole, avant que le géant ne me devance, dans la prolongation de ce qu'il avait à dire.

« Je ne suis pas venu pour faire du mal à ton village, si cela aurait été le cas, crois-tu que j'aurai laissé ma hache aussi loin de moi ? Je veux juste savoir ton prénom, après je te dirai le pourquoi du comment. »

Sa hache? Hé, sérieux, c'était carrément glauque, la situation, tant ça pouvait en être bizarre. Mais la sincérité qui résonnait au fond de sa voix grave tendait à me rassurer. S'il était honnête, je n'avais pas vraiment de raison de rester silencieuse sur mon identité, puisque de toute évidence, il entendrait bien vite parler de moi au sein du village, par des rumeurs souvent bien démesurées face à la personne que j'étais réellement. Autant mettre les choses au clair immédiatement. Je n'avais pas bougé d'un millimètre, toujours dans l'idée de souligner ma supériorité certaine face à lui, bien qu'il fusse beaucoup plus grand que moi.

« Pandora. Il est bien étonnant que tu en fasses autant pour un simple mot. Maintenant que tu connais mon prénom, peut-être pourrais-tu m'expliquer ce que tu viens faire ici? Vois-tu, je suis chargée de faire régner l'ordre ici, et ce bien plus par la force que par les mots. Je préfèrerais m'assurer que tu n'as pas besoin d'être... Comment dire? « Abîmé »? »

J'eus un léger sourire, plus ironique qu'affectueux, soulignant la mauvaise utilisation que je faisais ici de ce terme de manière purement volontaire. Rabaisser l'autre était une manière très efficace pour être véritablement certaine de l'authenticité de ce dernier, bien que je n'y prenais aucun plaisir. Songeuse, je tentais de m'imaginer à quoi ressemblait ce type. Après tout, c'était une drôle de situation, face à face au sommet du monde. J'avais le droit d'idéaliser un peu les choses, non?

J'attendais que la charmante jeune femme qui se trouvait devant moi est l'extrême gentillesse de décliner son identité. Finalement, la patience ainsi que la persévérance, finissent toujours par payer, car elle décida de se présenter, du moins de dire comment elle s'appelait. Pandora ! C'était son prénom, je devinais qu'avec un prénom comme le sien, elle ne devait pas avoir de nom. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle se nomme ainsi, la seule chose que je pouvais dire, c'était qu'elle représentait bien son identité, mystérieuse et très dur discerner, comme la boite de Pandore, que seul un Dieu peut ouvrir. Je lui souriais, à l'entente de cette réponse, mais la jeune femme, n'en avait pas encore terminé avec moi. Elle voulait toujours connaître la raison de ma venue sur les terres d'Iwa no Kuni et m'annonça par la suite, qu'elle en était l'une des gardiennes. Apparemment, j'avais devant moi une personnalité du village, qui plus est, le grade qu'elle aspire m'obligeait à lui montrer un certain respect ainsi qu'une obéissance. Du fait, que cette belle jeune femme représentait l'autorité. Malgré tout, j'hésitais encore à me prononcer, je n'étais pas encore assez à l'aise avec mon secret. J'avais peur qu'en lui énonçant ce dernier, qu'elle me prenne pour un menteur. Pourquoi ce sentiment ? Quand on mesure plus de deux mètres, il est difficile de croire qu'un tel colosse est perdu la mémoire. Moi-même, je n'y croirai pas !

- Vois-tu, c'est pour des raisons personnelles, et je doute que ces derniers t'intéressent, même si tu fais partie de l'autorité de ce pays.

Une nouvelle fois encore, j'esquivais la question, en lui donnant une réponse, qu'elle avait déjà entendu, il y a à peine quelques minutes de cela. J'étais plutôt bon, pour donner des réponses bateaux, néanmoins, je doute que Pandora, s'il s'agit bien de son prénom, les appréciait. Je trouvais la jeune femme assez marante, surtout avec les dernières paroles, qu'elle venait de prononcer, avant de se taire et de me laisser la parole. Car d'après ses dires, elle serait capable de m'abîmer, chose qui m'étonnerai au vu de ma stature particulièrement musclé. Mais ne faut-il pas se méfier des apparences par moment ? Ce proverbe m'était totalement sortie de la tête et comme si je n'avais pas assez de problèmes, je voulais un peu la taquiner et entrée dans un jeu qui risquait de mal tourner pour moi. Malheureusement, je n'étais pas en train d'analyser les risques que je pourrai encourir, si je venais à hériter la rousse, mais plutôt en train de réfléchir sur quelle réplique, je pouvais bien la taquiner. Je baissais légèrement la tête, mes cheveux cachaient l'expression de mon visage sous cette position, de cette façon, elle ne pouvait pas voir, la tête que je faisais en ce moment. Même si cela n'est pas très utile, parce que la jeune femme qui se trouve devant moi est aveugle, bien évidemment, cela je ne le savais pas, ce n'est que plus tard que j'aurai cette information. Lorsque j'avais une idée, je redressais la tête, d'un vif mouvement, mes cheveux partirent en arrière, montrant que j'étais prêt à reprendre la parole.

- Ne m'en veux pas, mais je doute fort que tu puisses m'abîmer avec ton physique, de plus ta tenue n'est pas assez adéquat pour, reprendre ton expression « abîmer quelqu'un ».

Dès que j’eusse terminé de parler, je laissais volontiers la parole à la douce Pandora, allait-elle apprécier ce que je venais de dire à l’instant ? Surement pas, après tout, c’était l’effet recherché. J’étais toujours adossé sur ma pierre, scrutant le moindre fait et geste de la femme en robe. Malheureusement pour moi, la récolte était bien mince, elle ne bougeait pas, j’avais l’impression de voir une femme stoïque ou de marbre.

Ah, ce Thor. Décidément, il ressemblait bien aux étrangers du village: tous s'irritaient de mon écrasante autorité. Du moins, c'est ce qu'il en paraissait ici, car le colosse me répondit exactement la même chose qu'auparavant. Malheureusement, les «raisons personnelles» ne sont pas véritablement  un argument valable afin de gagner ma confiance quand à la sécurité de mon village, pourtant je craignais d'avoir à affronter un mur refusant totalement de me répondre. Mon Dieu, j'allais avoir besoin de poisons afin de soumettre plus aisément les intrus si cela continuait ainsi. Je restais néanmoins stoïque en face de l'Homme: je n'avais aucune envie de l'affronter. Il ne me faisait pas peur, mais une telle masse, ça devait picoter quand il vous mettais une torgnolle. Tant qu'il était possible de maintenir la bête enragée, je le faisais; sinon, moi aussi, je devais libérer les fauves... Et l'histoire se terminait bien souvent en une effroyable boucherie. Je remis en place les boucles de mes longs cheveux, ainsi que ma frange afin de masquer ma cécité pour ne pas lui laisser entrevoir un avantage; j'étais nerveuse. Clairement. Ce colosse cachait quelque chose au plus profond de lui, malgré sa franchise et sa tendance à vouloir me masquer les raisons de sa venue dans le pays de la Terre, et j'étais convaincue que ses deux choses avaient un rapport. Quelles pouvaient bien être ces raisons personnelles? Pourtant, je ne laissais rien paraitre de mon trouble, seulement ma très présente suspicion. Il n'était pas sage de montrer le moindre signe de faiblesse face à quelqu'un dont l'on ne connait que le nom, même si celui çi ne montrait à mon égard que de l'arrogance; soit rien de bien menaçant. Pourtant, quelque chose me laissait présager que la situation ne resterait pas comme telle. Mauvais ou bon pressentiment, je ne le savais guère.

- Ne m'en veux pas, mais je doute fort que tu puisses m'abîmer avec ton physique, de plus ta tenue n'est pas assez adéquat pour, reprendre ton expression « abîmer quelqu'un ». 

Il y eut un long silence. Ce genre de silence qui vous glace le sang, celui qui précède un acte aux lourdes conséquences. Les quelques mots du colosse m'avaient percutée de plein fouet. Voulait-il jouer? Je sentais comme une colère irrépressible monter au sein de ma poitrine et ma respiration se faisait plus rapide. J'avais terriblement envie de lui prouver le contraire: je n'étais pas faible. Sous cette apparence «douce» comme il disait, s'était tapi un infect monstre dont le cœur était nécrosé depuis fort longtemps. Petite, je n'aurais jamais fait de mal à personne, jamais; et pourtant, c'est moi-même qui avait dû tuer ce vieillard qui nous avait hébergés, moi et mon frère jumeau, car il se montrait trop bavard. C'est moi-même qui avait dû tuer de mes petites mains à Kumo, parce que j'avais toujours peur que l'on me vole ma nourriture lorsque je vivais dans la rue. C'était moi-même qui avait tué mon frère jumeau, enserré son cou jusqu'à ce que son souffle se soit essouflé, que la lumière ai quitté ses yeux vairons, que son sourire ai disparu. Je ne comptais plus combien j'avais mis à mort par la suite, mais depuis le décès de Namida, j'étais devenue une autre, celle que jamais je n'avais souhaité devenir. Un monstre. Une abomination. Je ne me souvenais même plus des atrocités que j'avais commises: je n'étais plus moi, déchirée par l'horreur de mes propres crimes. Jamais je n'avais souhaité la mort de quelqu'un, ni même sa souffrance. J'avais voulu la paix et le bonheur, j'avais eu la douleur et la terreur. Quelle triste histoire, malheureusement. Mes lèvres tremblaient légèrement, et j'avais presque oublié la présence de Thor en me remémorant ces atrocités qui scindaient ma conscience depuis trop longtemps. Je n'en pouvais plus de garder de tels secrets pour moi: jamais je n'en avais fait part à quiconque. J'avais peur. Peur que l'on me rejette. Et c'était totalement normal. Qui aurait voulu de la compagnie d'une meurtrière? Brutal retour à la réalité. Le colosse m'avait complètement anéantie de sa simple phrase; et je n'avais qu'une seule réaction face à celle-çi: me jeter dans la gueule du loup.

« Kunou; Shen'Shuku. »

Briser le silence; avec quelques mots. Comme l'on jetterait au sol un vase précieux, faisant résonner le morbide bruit des éclats de porcelaine se répandant par terre, j'avais osé prononcer ma terrible sentence. Quelques mots qui étaient clairs: Thor avait été trop loin. Sa phrase m'avait terriblement frappée, droit au cœur: j'aurai payé cher pour avoir été faible et incapable de donner la mort. Au sommet du monde, la transformation s'effectuait. Je sentais mon corps grandir, mes jambes s'allonger, jusqu'à atteindre les trois mètres de haut. La chair qui recouvrait mon corps s'épaississait, formant sur moi-même une carapace aussi délicate que de la porcelaine. Ma robe noire s'était totalement fondue dans mon corps, devenant aussi blanche que ma peau pleine de cicatrices; mis à part ma poitrine apparente, rien ne montrait mon appartenance à la gente féminine. À mes genoux comme à mes coudes, mes articulations prenaient le même aspect que le mécanisme qui animait les poupées des gamines. Mon corps entier semblait bouillonner tandis que je prenais rapidement un autre aspect. Mais dans tout ces changements, le plus troublant était sans doute mon visage. Mes longs cheveux roux bouclés avaient totalement disparus, ainsi que mes yeux et mon nez. Ne demeuraient que mes orbites et un crâne, dont certaines parties semblaient brisées, abîmées. Ma gueule était énorme, et des crocs acérés avaient remplacés totalement mes dents blanches. Oui, j'étais devenue aussi laide que l'était mon âme. De la bave coulait de mes épais crocs, tandis que je me baissais pour approcher mon visage de celui du colosse, me délectant d'entendre son souffle. Il me suffisait d'ouvrir la mâchoire, de m'avancer, et d'arracher simplement sa tête de son buste pour contredire ses mots; mais je tenais à l'entendre lui-même reconnaitre son erreur. Mon «visage» était presque collé au sien; ma gueule était entrouverte, soufflant ma désagréable haleine chaude sur lui. Après tout, que pouvait bien faire un homme lorsqu'il se retrouvait face à un cauchemar? Car ici, se pincer ne changerait rien à la situation. Il allait devoir répondre de ses actes.

Les dires que je venais de prononcer ultérieurement avaient fait mouche, peut-être même un peu trop. La jeune femme n'était plus vraiment aussi sûre d'elle, apparemment ce que je venais de dire, devait la déranger. Quelques secondes plus tard, l'atmosphère qui régnait sur notre toit du monde devint pesante voir effrayante. Il n'y avait pas un bruit, c'est comme si la montagne s'était endormie. Je regardais la jeune femme, j'attendais qu'elle dise un mot, n'importe quoi pour briser ce mutisme. Elle prononça une sorte de formule, que je ne comprenais pas, sans doute était-ce un tour ninja, il faut le dire ces gens sont un véritable mystère pour moi. Mais quelques secondes après ces paroles bien étranges, le corps de Pandora se transforma. Je ne disais rien, j'étais bouche bée devant le spectacle que j'avais devant moi. Son corps devint plus grand, tout son physique changea, elle n'était plus la jeune fille que j'avais devant moi. Sa douceur et sa tendresse qui étaient sur son visage avaient disparu pour laisser place à une chose que même les mots les plus odieux n'arriveraient pas à qualifier. Je regardais cet effroyable spectacle, je comprenais maintenant que mes paroles avaient farouchement dérangé la femme aux cheveux de feu. Néanmoins, je n'avais pas peur, j'avais déjà tout perdu, je suis déjà mort une fois, et je suis revenu à la vie. Elle mesurait plus de trois mètres, son visage d'épouvante s'approcha devant moi, ses crocs étaient prêts à me lacérer la gorge. Je ne disais toujours rien, mon rythme cardiaque n'avait pas changé, il était toujours le même. Calme et impassible, étaient les deux mots qui pouvaient décrire mon comportement. Je regardais la créature, j'avais du mal à voir la jeune fille à travers ses yeux.

Elle n'avait plus rien d'humain, elle était devenue une bête, un animal. Sans doute avait telle succombé à ses pulsions les plus bestiales. J'étais étonné de mon calme olympien, plus d'un homme se sera mis à genoux en demandant pardon à la jeune femme. Mais ce n'était pas mon cas, je me fichais de ma situation, si elle voulait me tuer, elle pouvait le faire, de toute façon, je ne pourrai pas la repousser. Finalement, Pandora n'était pas aussi frêle qu'elle le laissait présager, les apparences sont vraiment trompeuses. Malheureusement, je n'avais pas pu me souvenir de ce proverbe, et j'allais en payer le prix fort. Néanmoins, je ne suis pas triste, je suis même plutôt content dans un sens. Cet endroit était beau et merveilleux, s'il devait devenir ma tombe, j'en serai honoré. La seule chose que je demandais, c'était que la jeune femme fasse cela rapidement, afin que la douleur ne soit pas trop longue, je n'avais pas envie de mourir dans une longue agonie. Je plongeais mon regard dans le sien, il était vitreux, ne laissant entrapercevoir aucune émotion. L'haleine chaude de la créature me réchauffait, faisant lever mes boucles blondes, je sentais une légère odeur d'alcool. Si qui me montrait qu'elle n'avait pas temps changer que ça. Après plusieurs secondes de long silence, je me résignais à prendre la parole pour la dernière fois. Si cela devait être la dernière fois que l'on entende la voix de Thor, je me devais de prononcer des paroles fortes, afin qu'elle reste à jamais dans les tréfonds de son âme.

- J'ai eu la chance de revenir dans le monde des vivants, je ne regrette en rien la vie que j'ai menée pendant ces trois années. Si mon destin c'est de m'éteindre une seconde fois ici, je l'accepterai, car je suis déjà mort et ceux depuis bien trop longtemps. Tâche de faire cela vite, car je n'ai pas envie de souffrir, j'ai bien trop souffert pendant toutes ces années.

Sans trop le vouloir, je m'étais un peu livrer à elle, mais cela n'avait plus d'importance, mon insolence allait me coûter la vie. Mais ce n'était pas grave, car grâce à elle, je pourrai goûter à un repos éternel, et qui sait, peut-être que je retrouverai le trésor que j'ai perdu ? Mon regard était toujours plongé dans le sien, mais ne voyant rien dans ses yeux, alors, je fermais les miens. Je commençais à me remémorer ces trois dernières années. J'arrivais à sentir le vent glacial de Yuki no Kuni, j'entendais les villageois me parler dans un langage qui m'était inconnu. L'un d'eux parlait ma langue, et m'expliquait que j'étais prisonnier dans un immense bloc de glace. Encore, aujourd'hui je ne comprenais pas comment, j'avais pu atterrir dans cette prison glaciale, mais la réponse à ma question se trouvait à Kumo. Malheureusement, pour moi je n'avais pas le droit de poser le pied sur leurs terres sous peines d'être emprisonné ou pire encore. Ma vie n'était qu'une longue marche sur un chemin boueux, et grâce à Pandora, ce dernier allait prendre fin. J'attendais ma sentence, mais elle ne venait pas, elle voulait jouer avec moi, sans doute prenait-elle un malin plaisir à vouloir me faire souffrir. Qu'importe, la douleur qu'elle me fera subir, elle ne pourra pas être plus douloureuse que la plaie que j'ai dans mon coeur. Je trouvais le temps un peu trop long, je n'avais pas d'autres choix, je devais prendre la parole une seconde fois pour faire avancer les choses.

- Qu'as-t-en tu Pandora ? On ne fait pas attendre la mort !

Maintenant, je ne dirai plus un mot, j'en avais trop dit. Mes yeux étaient toujours fermés, mais j'arrivais à me souvenir de son visage, pas celui que j'ai sous le nez, mais celui qu'elle arborait il y a quelques minutes. Autant mourir avec une image agréable à voir.

La tension était horrible. Les seuls bruits qui se faisaient entendre étaient nos respirations mutuelles, un léger froissement de tissu dû au vent, et le bruit de ma chair qui se détendait peu à peu, engourdie depuis trop longtemps. Sinistre scène. J'étais si sensible aux sons que je m'en retrouvais presque mal à l'aise, angoissée par ma propre création. Mais intérieurement, j'étais persuadée que cet homme trop fier était beaucoup plus inquiet que moi. Qui ne l'aurait pas été face à une bête nécrosée, composée de viande putride, au faciès ravagé par l'horreur? Pourtant, Thor ne montrait pas le moindre signe de peur. Cela m'agaçait et m'intriguait en même temps: était-il complètement fou? Je n'avais pourtant qu'à avancer légèrement le buste, ouvrir ma gueule béante et sentir ses os se briser sous la forte pression de ma mâchoire afin de laver l'affront qu'il venait de me faire. Et il n'avait pas peur. La mort ne l'effrayait pas. Un lourd silence planait, désagréable, omniprésent. L'atmosphère était chargée, comme irrespirable tant la nervosité qui brulait dans l'air empoisonnait nos poumons. Je ne faisais pas le moindre mouvement, restant exactement à quelques centimètres de son visage en le dominant par ma taille. Il était grand, certes; mais pas autant que je pouvais l'être quand je prenais un autre aspect, un aspect plus... Macabre. J'étais incapable de parler normalement avec cette apparence: si je souhaitais prononcer des mots compréhensibles, il me fallait modifier mon corps à nouveau. Mais du fait que je menaçais Thor de ma stature, je ne pouvais flancher une seule seconde en reprenant une plus douce image. Ses mots résonnaient encore dans mon esprit. Incapable d'abimer quelqu'un... J'aurai tellement espéré que cela puisse être véritable et ne jamais avoir commis ces infâmes crimes de ma propre main. J'avais été incapable de réaliser à quel point j'avais pu être infâme durant ces années précédant mon arrivée au village caché de la Roche.

« J'ai eu la chance de revenir dans le monde des vivants, je ne regrette en rien la vie que j'ai menée pendant ces trois années. Si mon destin c'est de m'éteindre une seconde fois ici, je l'accepterai, car je suis déjà mort et ceux depuis bien trop longtemps. Tâche de faire cela vite, car je n'ai pas envie de souffrir, j'ai bien trop souffert pendant toutes ces années. Qu'as-t-en tu Pandora ? On ne fait pas attendre la mort ! »

L'ambiance infernale qui planait dans l'atmosphère devenait encore plus oppressante, et ce n'était sans doute pas dû à l'air qui se faisait rare à de telles hauteurs. J'aurai voulu avoir des yeux pour le voir, détailler son visage, pour me convaincre qu'il était un excellent menteur tant j'étais incapable de déceler le moindre mensonge dans ce qu'il disait. Silence de mort. Aucun mouvement. Un léger bruit se fit entendre, très clair pour moi: ma chair reprenait sa forme initiale, cette apparence de jeune femme usée par la violence, «fragile» comme il disait. Mais pourtant, malgré mon corps qui reprenait peu à peu son physique d'origine, mon visage gardait le même air dur et lugubre que celui du monstre que j'étais quelques instants avant. Je n'allais tout de même pas rire dans une telle situation, non? Ses mots avaient piqué ma curiosité aussi soudainement qu'ils avaient su me mettre dans une colère noire. S'il n'était visiblement pas spécialement intelligent pour oser dire de telles choses -ou alors il était fou- il était en revanche terriblement charismatique: il était fort rare que je réagisse ainsi à chaque phrase qu'il disait. Femme si froide et mécanique, dont le cœur semblait plus vide encore que son âme; je venais de vaciller sous le poids des mots de ce colosse. Triste ironie du sort. Je réfléchissais à toute allure à ce que j'allais bien pouvoir lui répondre: tout se bousculait dans ma tête, et je ne tenais pas à avoir l'air ridicule en baragouinant une phrase impossible à comprendre tant mes émotions s'entremêlaient dans une joyeuse danse macabre. Ce type était décidément étrange, et même si je ne savais réellement ce qu'il venait faire ici, j'étais tout de même particulièrement attentive à lui, dans le bon sens du terme. Pour que je daigne porter intérêt à un Gaijin, c'est qu'il est vraiment digne de cette attention; et cette aura de puissance qu'il dégageait n'y était sans doute pas pour rien. Après un instant, je finis par lui répondre, d'une voix plus grave que d'habitude -il est assez long de reprendre ma forme initiale dans les moindres détails, malheureusement- et un ton excessivement dur.

« Personne ne devrait avoir le droit d'ôter la vie à un autre. Personne ne devrait être juge d'une existence qui n'est pas la sienne. Je suis morte il y a bien longtemps, comme tu sais toi aussi si bien le dire; et même si j'ignore tout de ce qui a pu t'arriver, je te souhaite de ne jamais revivre cela... » Je marquais une pause, un peu secouée par ces souvenirs qui venaient incessamment hanter ma mémoire. Ce n'était pas le moment d'y penser. Ce type avait sûrement vécu des horreurs, bien pires que celles dont j'avais pu être témoin, et surtout auteur. « ...Parce que c'est terrible. Ne laisse jamais personne décider pour toi si tu dois vivre où non, Thor. »

Je restais le visage face à lui, puis soudainement, j'empoignai le colosse de mes petites mains frêles. Il était trop grand pour que je puisse le soulever, mais je le maintenais fermement, ravagée par la colère qui bouillonnait toujours en moi.

« Tu m'entends!? JAMAIS! Bats-toi, bordel! Tu ne mérites pas moins de vivre qu'un autre, alors ne sacrifie jamais ce que tu as de plus précieux! BATS-TOI JUSQU'AU BOUT! »

Mes yeux vides étaient larmoyants. J'étais consternée par moi-même; la fureur sauvage qui m'habitait ne semblait pas avoir perdu de sa superbe. Je le tint un peu plus quelques minutes, dans un silence angoissant, avant de le relâcher, accablée. J'avais refoulé depuis bien longtemps trop de choses; je n'en pouvais plus. Ses mots étaient l'aiguille qui avait percé mon petit cœur nécrosé. Ma respiration était saccadée, et je finis par m'assoir à même le sol, la tête baissée afin qu'il ne puisse voir les larmes qui perlaient le long de mes joues. Je ne pleurais pas. Je n'avais jamais pleuré. J'étais simplement épuisée par toutes ces années de silence, ces années où j'avais donné corps et âme pour avancer, ces années où j'avais tué, massacré sans compter, et surtout sans réaliser à quel point ce geste était terrible. Pour un monstre, j'avais quand même bien des regrets; des mémoires qui trahissaient un passé terriblement lourd à porter et qui chaque jour devenait plus pénible encore. Personne ne pouvait être infaillible. Et surtout pas moi.

Le tableau qui se jouait en haut des montagnes de Tsuchi était glacial ainsi que bestial. Personne ne pouvait se douter que se jouait un spectacle d'épouvante dans le relief du Pays de la Terre. Je me tenais droit sans peur, mon coeur ne s'emballait pas, j'étais d'un calme olympien. Le vent souffla, mes cheveux blonds s'envolaient dans les brises matinales. Le lieu était idéal pour s'apaiser et être seul, néanmoins ce n'était pas mon cas ! J'étais au départ en charmante compagnie avec une jolie jeune femme rousse, mais certaines de mes paroles l'ont blessé. Comme un retour de flamme, la belle demoiselle se transforma pour laisser place à un être de cauchemar. Elle était devenue une créature dénué de charme, ses chairs étaient putréfiées. On aurait dit une enfant de la Mort, était-ce le fruit de mon imagination ? Certainement pas ! Je lui avais manqué de respect, ne me fiant qu'à son apparence, j'allais subir le châtiment de cette jeune femme. Cela ne me posait aucun problème, j'étais toujours dans une sorte de quiétude permanente, je n'avais pas peur de la mort, si elle devait me prendre aujourd'hui, je la laisserai faire. Mais mes dernières paroles ont eu un effet inattendu, c'est le mot que l'on peut dire. Je ne sais pas comment j'ai fait, mais j'ai réussi à apaiser le monstre ou plutôt Pandora ! Son haleine putride et chaude s'éloigna de mon visage, la créature commença à perdre de la taille. Elle m'empoigna les bras d'une vigueur folle, j'étais pris dans son étreinte. Je sentis comme une humanisation dans ce geste, le monstre commençait à disparaître pour laisser place de nouveau à la jeune fille. Elle me parla avec son coeur, mais sa voix était encore grave et froide. Mais je sentais que Pandora était en train de me revenir ! Ses paroles furent fortes, elle marqua même un temps de pause. Reprenant son souffle ainsi que son apparence normal, elle continua sa phrase. Jamais quelqu'un ne m'avait parlé comme ça, je ne voyais plus l'affreuse abomination que j'avais devant moi, mais une jeune femme fragile à l'intérieur. Elle me parla avec toutes ses forces, puis s'écroula sur le sol, la tête baisser, ses cheveux masquaient son doux visage.

Je voyais qu'elle pleurait, j'étais un peu gêné de l'avoir mis dans cet état, mais je ne restais pas là sans à faire. Je m'abaissais sur elle, de façon à la prendre dans mes bras, ce n'était pas de la pitié, mais de la compassion. Les paroles qu'elle avait eues étaient fortes, mais elles n'étaient pas destinées à moi-même. Elle se parlait à elle-même, j'étais une sorte de miroir. Je ne m'attendais pas à un tel retournement de situation, jamais je n'aurai imaginé me retrouver près d'elle après ce que j'ai vu. Mais tout ceci n'était plus que du passé, cela faisait un moment que j'avais sauté la barrière du physique. Derrière cette carapace, se cachait une jeune femme fragile qui ne cherche qu'une chose : parler. Je n'osais pas prendre la parole, je préférais ne rien dire, le rapprochement qu'il y avait était plus fort que les mots. Cette situation montrait mon pacifisme, et que tout ce que je disais étaient vrais. Mais ce mutisme créa une atmosphère lourde, il fallait briser ce silence, voyant que Pandora était trop occupée à s'apitoyer sur son sort, il était de mon devoir de le briser moi-même. Mais que dire ? C'est la première fois que je me retrouve dans une telle situation, mais je laissais mon coeur parler pour moi, sans doute trouvera-t-il les mots juste pour calmer cette pauvre âme en détresse ? Je l'espérais, personne ne devrait vivre un calvaire, si nous sommes ici, c'est pour vivre et pour aimer, et non être détesté et rejeté par tous.

Tu n'as pas à être accablée par ton sort, je ne sais pas quelles épreuves tu as dû endurer dans ton jeune vie, mais saches que si tu les as faits, c'était pour une bonne raison. Tu n'as pas à t'apitoyer sur ton sort, car la roue de la vie finit toujours par sourire, et un jour tu seras heureuse, et ces aventures que tu auras vécues ne seront plus qu'un lointain souvenir. Je me taisais sur ces mots, j'étais étonné de leur profondeur, je n'aurai pas trouvé mieux, mon coeur avait fait le bon choix, et je l'en remercie.

Les phrases que je venais de dire eurent un effet bénéfique, l'atmosphère était devenue bien moins lourde et étouffante. Je venais de parler avec mon coeur, allais-je franchir le pas et me confier à elle ? Je n'en avais aucune idée, mais j'en avais envie, car je savais qu'elle comprendrait. Mais allait-elle en faire de même ? Cette réponse était un mystère pour moi, je ne voulais pas la brusquer de peur d'attiser la haine qui se trouve dans son coeur, et qui ne demande qu'une chose : sortir. Mes bras l'attrapèrent à leurs tours, j'avançais mon visage près de son oreille, j'allais le faire ! C'était la première fois depuis ma renaissance que j'allais confier ce secret qui est lourd à porter. Ma voix était hésitante, une partie de moi-même me disait d'y aller, mais une autre me disait de me taire, et de quitter ces lieux, car je n'étais pas encore prêt.

Je suis un fantôme sans passé, son identité qui ère sur cette terre à la recherche d'un trésor perdu, mes intentions ne sont pas mauvaises en venant ici, elles sont juste... Je marquais un temps de pause, je n'arrivais pas à continuer. J'avais une boule à l'estomac, ma gorge était sèche, j'étais nauséeux ...je veux juste savoir qui je suis pour pouvoir reposer en paix définitivement ! Je m'arrêtais sur ces paroles, je me sentais mieux, la nervosité que j'avais eue venait de disparaître pour laisser place à de la peine. J'étais en colère contre moi-même, ne pas me souvenir de qui j'étais, je bouillonnais de rage, car la réponse était proche de moi, mais elle était inaccessible.

La tête baissée, je pensais à mon passé, celui d'il y a trois ans, où je fus recueillis par un village de pêcheur dans les glaces du pays de la Neige. Je pensais à eux qui furent ma première famille dans cette nouvelle vie. Leur gentillesse, leur volonté de m'aider dans ma quête sans fin et perdu. L'envie de les revoir devenait une obsession ! Mais si je revenais dans ce village, leur chef me dirait de continuer ma quête, et que je serai accueilli de nouveau lorsque j'aurais retrouvé la mémoire et par conséquent ma vie !